Jeunesse cairannaise
Clément François Joseph Fanot est né à Cairanne le 19 septembre 1809. Il a été déclaré par son père Emmanuel Fanot 29 ans, natif de Fiorenzala dans la région de Parme en Italie,
et garde-forestier dans la commune de Cairanne. Les témoins étaient Auguste Ladet 37 ans et Joseph Blaye 37 ans tous deux cordonniers.
Emmanuel Fanot était un invalide de guerre qui vivait dans la Succursale St Louis d’Avignon, refuge des rescapés de guerre, à qui, suivant le degré d’invalidité on octroyait
du travail. Emmanuel Fanot se vit ainsi attribuer un poste de garde-forestier à Cairanne où il rencontra une femme du village : Camille Dumas qui avait 9 ans de plus que
lui et avec qui il se maria le 20 décembre 1807 à l’âge de 27 ans.
Vers 1812, la famille quitta Cairanne pour venir s’établir à Avignon. Quand sur la grande place de la ville, la marmaille jouait aux soldats, le petit Clément
préférait aller auprès du sonneur de l’église Saint Pierre.
À partir de ce moment-là l’enfant subjugué par tout ce qui carillonne ne manqua jamais une occasion d’agiter la clochette du catéchisme et celle de la messe et des processions. Sa passion l’amena finalement à devenir un jour le campanié, le sonneur réputé de l’église Saint Didier d’Avignon. Sa femme Catherine s’inquiétait quand elle le voyait mettre un crêpe noir à son chapeau lorsque le carillon d‘un des nombreux clochers de la ville se fendait ou bien
quand il s’inquiétait de qui sonnerait le glas lorsque l’on le porterait en terre.
Lorsque ’il mourut en 1892 à 83 ans, la revue provençale « L’Aiòli » dans son numéro du 27 octobre 1892 lui fit l’hommage ci-aprés.
Vie de Clément Fanot
Clément Fanot le vieux campanié de l’église Saint Didier d’ Avignon, dont toute la Provence a parlé de lui, s’est éteint lundi 24 octobre 1892 à l’ombre de son beau clocher.
Il était le plus fameux sonneur de la ville d’Avignon et Joseph Roumanille l’avait rendu célèbre
en le faisant le héros en 1857 de son poème « La Campano mountado » .
Il était né, dit le bon Roumanille dans sa préface, à Cairanne, en septembre 1809. Ce jour-là parait-il toutes les cloches du Comtat frémirent de plaisir, elles sonnèrent entre
elles, comme si une fée en avait enchanté le marteau.
Clément, le félibre des cloches était un véritable artiste dans son art. Il fallait l’entendre, dimanches et fêtes, faire carillonner ses cloches! Il n’y avait pas d’air,
d’hymne, de psaume qu’il ne sache leur faire jouer. Il savait par cœur tous les grands airs, mais là où Fanot était passé maître c’était à la période de Calendes, pour faire
résonner les Noëls de Saboly et surtout ceux de son ami Roumanille qui émouvaient, quand les voix des cloches les égrainaient.
Fanot avait dans son clocher un beau livre où écrivaient des vers, les grands personnages qui venaient le visiter : il avait ainsi amassé une liste de noms que beaucoup auraient
voulu posséder.
De son vivant il avait commandé son cercueil et son enterrement, et il en avait payé les frais. Il s’était fait construire, à la mort de sa femme, un joli tombeau dans le
cimetière d’Avignon, avec une énorme cloche posée dessus : sa place l’attendait et il ne manquait à son inscription que le jour de sa mort et celui de son enterrement.
En plus il avait mis de côté cent francs pour offrir à douze de ses amis un beau repas quand ils reviendraient de le porter en terre. Ce repas funèbre eut lieu le mardi suivant et
comme il le voulait, une lanterne éclairée : son fanal, garni de crêpe, occupait la place d’honneur.
Depuis dix ans il ne pouvait plus toucher ses chères cloches, étant devenu sourd à force de carillonner mais il avait formé lui-même son neveu qui régnait à sa place dans le
clocher de Saint-Didier et qui joue comme lui les vieux airs nationaux.
Dans ses derniers temps, courbé sur son bâton et traînant savate, il aimait parcourir les rues d’Avignon et l’on entendait toujours quelques gamins qui, s’arrêtant de jouer pour
le regarder ; disaient ainsi avec un air respectueux : « Lui, c’est Fanot le campanié de Saint Didier !».
Voilà un Cairannais qui ne manquait pas d’humour !
On peut penser que les exécuteurs testamentaires veillèrent à ce que rien ne…cloche !
Menu du repas funèbre
HORS D’ŒUVRE
Oignons…lacrymatoires
Morte…Adèle
Radis noirs
ENTREE…AU PARADIS
Bœuf à l’estouffade
Tripe à la mode de Caïn
ENTREMETS
Râles de…marais
Salade de …mouron
DESSERT
Petits fours …crématoires
VINS
Nuits…éternelles
Lacryma-Christi
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Anne Laberinto-Gridine
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  Campanié : sonneur de cloches
Source : Archives Municipales d’Avignon
Photographie de Clément Fanot
  L’aiòli : revue en langue provençale. Le texte suivant a été traduit
par Anne Laberinto-Gridine .
 Joseph Roumanille : poète et restaurateur de la langue provençale.
 Poème héroïco-comique en langue provençale qui
met en scène Clément Fanot voulant ajouter un quatrième cloche au clocher de Saint Didier.
 Saboly Nicolas, auteur de nombreux Noëls provençaux.
Source : ADV
Une des trois publications de Clément Fanot. Son métier de facteur lui a facilité la tâche.
Source : Association Le fameux tombeau
  Source : La Semaine Mondaine , 30 juin 1938.
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