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GénéralitésLe monument aux morts de la guerre de 14-18 marque toutes les communes de France, de la modeste plaque apposée sur la façade d’une église au mémorial grandiose. La construction de ces monuments s’échelonne de 1919 à 1921. Des subventions sont accordées par le préfet suivant un barème compliqué lié aux nombres d’habitants et aux nombre de morts. Elles représentent en moyenne 10% du coût des travaux.Fondeurs, marbriers maçons proposent aux municipalités, souvent de leur propre initiative, des modèles souvent sur catalogue à partir de 2000 francs. Les petites communes disposant d’un budget réduit ont recourt à ces modèles sur catalogue reproduisant des monuments identiques. L’État veut contrôler : avant l’édification du monument, une commission départementale est chargée d’évaluer les projets présentés par les communes ; elle donne un avis sur l’aspect esthétique de l’œuvre et sur les coûts. Souvent ornés de représentations figurées, les monuments traduisent des valeurs et des références par la symbolique choisie. Par exemple une figure féminine peut représenter la terre des aïeux, la patrie, la souffrance d’une mère, d’une commune. La figure masculine représente l’effigie du combattant. La posture la plus représenté est celle l’attente du poilu. Le soldat est debout les deux bras posés sur le canon du fusil, la crosse à terre. La commune souhaite ainsi honorer le poilu en tant que tel. Les objets symboliques sont bien sûr militaires : croix de guerre, obus, épées,… La croix de guerre est le symbole mythique de la guerre, la récompense suprême. Les symboles religieux, dont la représentation est interdite depuis 1905, sont discrets. La croix religieuse est souvent une croix adaptée gravée dans de la pierre ou fondue dans du bronze ; en 1924, un arrêté du Conseil d’État autorise les emblèmes religieux ou autres . Des plantes symboliques sont portées sur les monuments : couronnes de laurier, palmes, feuilles de chêne. La couronne de laurier fait allusion au triomphe militaire et à la gloire du vainqueur, la palme puise ses origines dans la symbolique chrétienne : certitude de l’immortalité de l’âme, résurrection ou, plus laïc, acclamation des vainqueurs,la feuille de chêne symbolise la force, la victoire. L’emplacement des monuments aux morts fait l’objet d’âpres débats. Plusieurs possibilités sont en concurrence : emplacements publics (mairie, école, place,…) ou sacrés (proximité de l’église, cimetière). L’inauguration est faite en grande pompe malgré les dissensions politiques locales. Une unité de façade est en général respectée, associant des cérémonies religieuses et républicaines. La situation politique à Cairanne au début du XXe siècleDeux tendances politiques s’affrontent : les républicains anticléricaux et les conservateurs catholiques. Ces deux tendances sont successivement représentées à la mairie. Cyprien Fabre meunier, représentant la première tendance est élu maire de 1904 à 1912 et de 1920 à 1930. Maire incapable et sectaire suivant l’opposition, c’est lui qui aura à gérer la construction du monument aux morts.De l’autre bord, l’abbé Blanc publie une chronique mensuelle : L’ami de Cairanne religieux qui critique vertement les anticléricaux. Activiste un peu trop voyant, il facilite la réélection du républicain anticlérical Cyprien Fabre en 1908 pour quatre ans. En 1910, c’est l’abbé Bremond qui est nommé curé à Cairanne. Plus conciliant, ou plus rusé, il va mener son propre chemin pour un monument aux morts. En juin 1920, au moment de l’élaboration d’un monument aux morts, les passions sont avivées : la mairie Cyprien Fabre qui vient d’être élu à nouveau, met en vente le presbytère « afin d’arracher aux catholiques un immeuble…Mais grâce au concours intelligent et dévoué des principaux catholiques, l’immeuble est racheté par quatre acquéreurs qui agissent dans l’intérêt général des paroissiens ,. Les trois monuments aux morts de CairanneEn juillet 1920, le curé de Cairanne lance une première offensive en ouvrant une souscription pour une plaque commémorative.En aout 1920, le maire contre-attaque en proposant deux monuments aux morts l’un sur une place publique et le second au cimetière. Il transmet, via un comité du monument commémoratif, les deux propositions à la commission départementale : le premier avec un poilu en pierre suivant un dessin de Laurier de Carpentras pour un cout de 4600 F et le second sous forme d’un obélisque pour un coût de 1200 F. Le 5 novembre 1920 la commission, dans sa sagesse, refuse le premier projet le poilu ayant de nombreuses similitudes avec d’autres projets et accepte le deuxième projet l’obélisque et s’inquiète des sommes impliquées. Le 5 avril 1921, une variante du poilu précédent est proposée par le maire qui a dû être acceptée par la commission puisque c’est le monument actuel. Mais ce retard permet au curé de gagner la bataille. En effet, le 14 novembre 1920 le curé inaugure le premier sa plaque commémorative dans l’église. Ce n’est que le 28 août 1921 que le monument sur la place publique est inauguré . L’unité de façade est de mise : toute la population se regroupe autour des autorités civiles auxquelles s’était joint M. le Curé. M. Discours, président de l’Amicale des démobilisés, M. Brichet, président de la commission et M. le Curé prennent la parole. Aucun incident n’est signalé . Nous admirons notamment la statue en pierre d’un superbe poilu de haute taille à l’allure tranquille et fière, tout équipé qui semble être de faction…Oui, c’est bien ainsi que nous aimons nous représenter le soldat français de la grande Guerre, avec sa manière calme et stoïque héros sans le savoir qui a fait l’admiration du monde entier. Nous félicitons les ouvriers dont le talent a su si bien traduire la sublime expression de notre cher poilu . Le 20 novembre 1921, le maire transmet à la préfecture un dossier de demande de subventions pour les deux monuments : 298,50 F lui sont accordés (soit 5% du cout des dépenses) qu’il utilisera pour mettre une grille autour du monument (aujourd’hui disparue). Les nomsJean Pierre Imbs s’est intéressé aux noms inscrits et à leur histoire : la plaque de l'église reprend les noms inscrits sur le monument sur la place publique : 32 noms pour la guerre proprement dite et 1 nom pour des opérations extérieures : Alfred Demadiére mort à Beyrouth en 1920 . Sur le monument du cimetière, il manque 2 noms mais 3 autres noms sont ajoutés . Pas d’explications rationnelles !Gérard Coussot Summary: After WW1, France launched a programme for war memorials erections. Every village must have its own war memorial. In those days the relationship between Catholics and laity was very tense. Cairanne had its own battle, which led to the construction of three war memorials. |
Mise à jour : le 17 juillet 2024 webmaster : Gérard Jacques Coussot |