XXe siècle
Rappelons qu’au début du XXe siècle, l’alimentation en eau de Cairanne se fait de deux manières : la fontaine sur la place des écoles pour
le bas-village et un puits creusé à une profondeur de 40 mètres pour le haut-village .
Le 7 mai 1930 le maire s’inquiète des cas de typhoïde et demande au préfet une analyse des eaux.
L’inspection du département d’hygiène débarque à Cairanne en juin 1930. Le Docteur Gaussen d’Avignon prélève quatre échantillons :
- L’eau du puits du haut village
- L’eau de la fontaine des écoles
- Et à la captation des eaux de la fontaine qui est composée d’un reposoir côté nord et un reposoir côté sud
Et il ajoute : « d’après la rumeur, il serait supposable qu’un reposoir serait potable et l’autre non » avec la même eau !
Et le miracle est là : le reposoir côté sud à 0 colibacille par litre tandis que le reposoir nord à 50 colibacilles par litre mais en bout, la fontaine des écoles a
aussi 50 colibacilles par litre ce qui en fait une eau médiocre.
Pour le puits du haut village, la catastrophe est là : l’analyse montre 10 000 colibacilles par litre. Le médecin propose la condamnation
du puit mais comme c’est la seule source d’alimentation en eau pour la centaine d’habitants du haut village, il a été décidé qu’un écriteau serait apposé
indiquant la pollution de l’eau et son usage exclusivement réservé au bétail…
La municipalité entreprend quelques travaux de curetage.
Et en 1932, nouvelle analyse de l’eau du puits et nouveau miracle, il est trouvé 0 colibacille par litre mais ce n’est pas le même laboratoire d’analyse !
Du coup, sur cette analyse unique, le conseil municipal se propose de faire exécuter des travaux de consolidation du puits, d’installer une pompe électrique,
de construire un réservoir de 2m3 sous le donjon et d’installer une fontaine à ses pieds. Le préfet suggère de faire une demande subventions.
Aussitôt la commission sanitaire d’Orange, le conseil départemental d’Hygiène à Avignon, l’Ingénieur du génie rural, le service Incendie, un géologue mandaté donnent leur avis,
suggestions et recommandations parfois contradictoires. Certains veulent un réservoir de 30 m3. Nouveau rapport du géologue qui fait remarquer que le débit du puit est tel
en été qu’il faudrait 3 à 4 jours pour remplir un réservoir de 30 m3 sans retirer de l’eau. Dans la pratique le réservoir ne serait jamais rempli !
Bref, fin 1935 le cahier des charges est établi . Un entrepreneur est retenu et les travaux
sont achevés en 1937. Ils sont réceptionnés par le maire qui déclare que les travaux sont faits dans les règles de l’art (Est-il descendu dans le puit ?).
Le journal de la paroisse Le Petit Cairannais peut ainsi écrire en avril 1937 :
« une pompe électrique fonctionne depuis février, le vieux seau est au rencart ».
La demande subvention pour travaux d’adduction d’eau potable revient trois fois sur le bureau du maire : il manque toujours un papier ; finalement cette subvention est accordée en 1940 !
Très curieusement le Dr Gaussen va revenir régulièrement à Cairanne analyser l’eau de la fontaine mais oublier l’eau du puit qui ne sera jamais plus analysée !
De 1940 à 1947, la quantité de colibacilles dans l’eau de la fontaine va osciller entre 10 et 100 par litre suivant les saisons ce qui en fait une eau de médiocre à suspecte.
Une grande partie des villages de Vaucluse est dans la même situation ce qui fait écrire en 1945 au Dr Gaussen, quelque peu désabusé, qu’il faudrait envisager une autre approche
plus collective. Il a parfois des commentaires assez cassants sur les villages, ainsi pour Buisson :
« Le village de Buisson ne comporte que 230 habitants, l’école ne compte pas plus de 14 élèves. L’examen des enfants permet de constater que le nombre de
débiles est bien supérieur à celui que l’on a l’habitude de rencontrer dans les villages… » .
Les syndicats intercommunaux d’alimentation en eau potable (1947)
Dans l’esprit de l’après-guerre, les besoins de reconstruction, un esprit collectif soufflent sur la France. Le Conseil général de Vaucluse met à l’étude programme
d’alimentation collective d’eau potable. Léon Nourrit ingénieur du génie rural pour le Vaucluse est à la manœuvre : analyse des nappes phréatiques dont le niveau diminue,
inventaire de sites potentiels de pompage aidés par des géologues, évaluation des besoins et des zones à desservir, investissement à faire, solutions,…
Equité et solidarité telle est sa devise.
La solution d’un regroupement intercommunal est retenue et quatre zones sont définies.
Cairanne fait partie de Rhône-Aygues-Ouveze (RAO) et la nappe alluviale du Rhône est retenue comme source de pompage près de Mornas. L’eau est pompée à 16 mètres de profondeur,
dans les cailloutis du Rhône puis filtrée, traitée et envoyée par canalisations aux différentes communes adhérentes .
La consommation prévue est de 300 litres par jour et par habitant . Les Cairannais qui n’avaient
qu’un sceau d’eau par jour, quel progrès !
L’enthousiasme de Léon Nourrit est quelque peu freiné par la réalité des élus : il va falloir payer la fourniture de l’eau alors que l’eau de la fontaine sur la place est gratuite !
La promesse de subventions nationales facilite le regroupement de toutes les communes.
Ainsi la constitution du syndicat intercommunal Rhône-Aygues-Ouveze est
effective en janvier 1947. Huit ans seront nécessaires pour exécuter les travaux afin que l’eau courante arrive à Cairanne.
|
  Voir chronique de juin 2015 :
Mais d'où vient l'eau de la fontaine sur la place ?
 ADV, 5M34.
 Proche des Fleurets.
Colibacilles ou Escherichia Coli
Les colibacilles sont des bactéries qui se trouvent dans les intestins des humains et des animaux. Elles ont utilisées comme indicateurs d’eau polluée
par des matières fécales. Elles sont facilement mis en évidence par coloration des milieux à tester . Aujourd’hui, en France, une eau est déclarée
non potable si on dénombre une seule colibacille dans 0,1 litre d’eau.
Salmonelle typhi
Bactérie de fièvre typhoïde, elle est également d’origine humaine véhiculée par l’eau.
Elle peut être mortelle sans traitement antibiotique. Certaines personnes saines peuvent
véhiculer la bactérie et contaminer leur environnement.
 ADV, ADV, 11M48.
 ADV, ADV, 1PER 23.
Source : AcCairanne
Syndicat RAO : réseau de distribution en 1955
 
En février 1959, il est nommé Ingénieur en chef du génie rural du Var, dix mois avant la catastrophe du barrage de Malpasset.
Il sera inquiété par la justice puis relaxé.
 Archives nationales F/2/3947
 ADV, 4PER32, erreur de frappe ?
|