XIXe siècle 1890 voeux en faveur des canaux du Rhône 
Le Conseil municipal de la Commune de Cairanne réuni dans le lieu habituel des séances a décidé d’approuver ce qui suit :
« Considérant que le Midi a besoin d’être protégé contre la fabrication de vins falsifiés et l’introduction de vins étrangers, il est également nécessaire de favoriser
le développement de la production vinicole, ainsi que de l’agriculture.
Considérant que l’eau est indispensable pour atteindre ce but, que les canaux dérivés du Rhône peuvent seuls mettre à la portée des petits propriétaires, comme des grands, et
qu’il faut en finir avec cette question qui dure depuis douze ans.
Le Conseil adoptant les idées formulées par la presse du Midi organisée pour obtenir l’exécution des canaux du Rhône.
Emet le vœu de voir MM les Sénateurs et Députés de la région s’unir et se grouper pour demander résolument l’exécution immédiate de la loi du 20 décembre 1879 par le
dépôt d’un projet ayant pour base la convention du 5 juillet 1886 et les décisions de la commission financière des canaux du Rhône du 3 juillet 1888. »
Signé : le conseil municipal de Cairanne.
Le projet des canaux dérivés du Rhône
Le projet d’un canal latéral au Rhône est une idée ancienne. Cependant elle prend consistance en 1847 grâce à un ingénieur des Ponts et Chaussées, Aristide Dumont, par la
publication chiffrée d’un tracé. Celui-ci prend naissance à Condrieu au sud de Lyon et s’étire le long de la rive gauche du Rhône jusqu’à Mornas où il travers
le Rhône par un siphon et va irriguer la Languedoc jusqu’à Montpellier et Béziers. Le canal passe à proximité de Cairanne et une partie de son territoire est susceptible
d’être irriguée  .
Cependant la première motivation mise en avant pour la construction de ce canal était pour combattre les ravages du phylloxera par submersion des vignes, en second pour servir de distribution d’eau dans les localités traversées et
enfin pour irriguer au sens large.
Pendant cinquante ans, partisans et opposants vont s’affronter. Durant cette période, le pouvoir politique est changeant et hésitant, l’administration est délirante liée
notamment à un conflit entre différents corps d’ingénieurs (Polytechnique et Arts et Métiers), le lobby des compagnies de navigation de Rhône s’insurge alors qu’elles sont
déjà condamnées, concurrencées par le chemin de fer. Les ingénieurs des Pont et Chaussées affirment que le passage en siphon du Rhône est impossible alors que les
Romains maitrisent cette technique depuis 2000 ans !
Beaucoup d’énergie dépensée pour rien : à partir de 1877, le greffage des espèces françaises sur des plans américains résistant aux pucerons résout la crise du phylloxera et
condamne le canal. En 1901 Aristide Dumont s’insurge contre l’abandon du projet : l'eau du Rhône permettrait de diversifier les cultures et de réduire
l'emprise de la vigne dans le Languedoc mais c’est trop tard !
Bref, déjà un bel exemple du « mal français ».
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 ADV, 1D4.
 ADV, Tierry Ruef, Transférer l’eau du Rhône dans le Languedoc : regard
critique sur les incidences du projet Aqua Domitia et les contradictions territoriales, 2015, sous Internet.
 Expression devenue classique qui reprend le titre d’un essai
sociologique d’Alain Peyrefitte de 1976 sur les disfonctionnements d’un état centralisateur et d’une bureaucratie administrative contraignante.
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