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 J. le Goff et JC Schmitt, table ronde EHESS et CNRS, 1977.
 JA. Van Gennep, La Folklore du Dauphiné, Paris 1932.
Source : Internet
Le charivari, assiette de Giens
  Merci à Bernard Pradier de nous avoir autorisés à publier cet extrait,
écrit par son père René Pradier.
Source : ADV J-H Fabre
  C.Starr, Actes du congrès Jean-Henri Fabre, 1985.
  Cette lettre incomplète (sous forme d’une photocopie) est
apparue dans une vente aux enchères de la maison de vente aux enchères Metayer Mermoz en 2020. Elle a été acquise par le Museum d’Histoire Naturelle qui
gère le fond Fabre de Sérignan. Nous remercions M de Richemont de la Maison de ventes aux enchères et Madame Laforet du Muséum pour l’aide qu’ils nous ont apportée
à la reproduire.
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Le Charivari
Le charivari est une manifestation populaire et bruyante devant la maison de mariés plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’un remariage. Celui d’un veuf avec une plus
jeune femme est particulièrement animé. La manifestation, en général menée par la jeunesse locale, cesse lorsqu’il est offert une somme d’argent ou à boire.
Cette manifestation remonte au Moyen Âge et se déroulait dans toute l’Europe avec des variantes jusqu’au milieu du XXe siècle.
Sociologues et ethnologues continuent de débattre de cette tradition passée .
Le remariage d’un veuf ou d’une veuve est autorisé par l’Eglise et les administrations mais désapprouvé, sans y être opposé, par la communauté sociale car non conforme
aux normes du moment.
Le mariage apparait un vol, une fraude, une méchante manœuvre et que le coupable ne pourra se racheter que si on lui fait payer sa conduite par de désagréments réels et
publics et par le versement d’une somme dont la jeunesse lésée profitera seule .
Le coupable est sorti des normes et ne pourra revenir dans la communauté que par le paiement soit d’une somme d’argent soit en boissons par exemple un crédit ouvert au bistrot
du village.
Le refus de payer peut entrainer des violences et des représailles.
Rite de passage
Rite de séparation : rupture de la première alliance, passage d’une famille à une autre.
Rite de marge (ou commencement) : remariage, nouvelle vie mais exclusion de la communauté.
Rite d’amalgamion : retour dans la communauté par des libations
Le charivari pour le mariage de l’entomologiste Fabre à Sérignan
Est-ce une coutume ? est-ce une tradition ? je ne saurai qualifier cette pratique ancestrale du fait qu’elle était occasionnelle et assez rare.
Quand un veuf ou une veuve ou les deux ensembles décidaient de refaire leur vie à l’occasion de leur remariage, les jeunes du village et aussi les moins jeunes décidaient de
perturber leur nuit de noce par un énorme charivari. Petit jeu d’un gout douteux dont la naïveté n’avait d’égale que ce petit plaisir malsain d’importuner par
ces sérénades mesquines deux malheureux tourtereaux qui ne demandaient qu’un peu de tranquillité.
Le soir venu dès que les nouveaux époux étaient censés être endormis, sous leur fenêtre explosait sans préavis une inqualifiable cacophonie de tout ce qui pouvait faire du bruit,
casseroles entrechoquées, arrosoirs, seaux, vieux instruments, cris de toute sorte parmi lesquels revenait en permanence : « Levas-vous, levas vous ».
Le vrai motif qui animait ces excités était de se faire offrir à boire.
Si le couple s’exécutait de bonne foi ou de mauvaise grâce, tout finissait dans la bonne humeur. Mais si le couple refusait de céder, alors le tintamarre assourdissant
redoublait d’intensité jusqu’à ce que fatigués, énervés coléreux, les assiégés abdiquent.
Il y a une anecdote peu connue mais à laquelle on peut croire puisqu’elle a été maintes fois racontée par un de mes grands-pères, qui l’avait vécu et à laquelle il avait
peut-être participé ?
Quand l’entomologiste J Fabre épousait en seconde noces sa servante, la jeunesse du village se fit un malin plaisir d’organiser en secret un charivari immémorial.
Le caractère irascible du savant, ses colères notoires, son tempérament asocial avec les habitants du village favorisèrent une colère qu’il a fallu du temps à faire
retomber et à part deux ou trois personnes, il n’eut plus de contact avec les Sérignannais.
Ce souvenir par son caractère exceptionnel de l’intéressé a perduré dans la mémoire des anciens qui hélas ne sont plus pour l’attester.
J-H Fabre (1823-1915)
Wikipedia propose une biographie flatteuse de Jean-Henri Fabre. Après un parcours professionnel chaotique comme enseignant, écrivain, autodidacte, touche-à-tout dans différents
domaines scientifiques et littéraires, il s’installe à Sérignan-du-Comtat en 1879 à l’âge de 53 ans pour se consacrer à l’étude des insectes. Ses travaux sont reconnus par une
grande partie de la communauté scientifique, littéraire et politique du moment. Il faut noter qu’il s’oppose à la théorie de l’évolution de Darwin, sans doute influencé par
ses convictions religieuses. Paradoxalement il a contribué par la masse d’observations qu’il a réunies au développement de cette théorie qu’il combattait
.
D’ailleurs il combattait toutes les théories : la vérité théorique d’aujourd’hui étant le mensonge de demain. Il reste cependant une référence en matière d'observation
du monde des insectes.
Sa première épouse meurt en 1885. Deux ans plus tard, il se remarie le 29 juillet 1887 à 61 ans avec sa bonne âgée de 20 ans.
Elle meurt en 1912. Il meurt en 1915 à l’âge de 92 ans.
Si sa notoriété est reconnue mondialement, elle l’est beaucoup moins au niveau local si on en croit le texte précédent. D’ailleurs à la suite du charivari,
Fabre va écrire au Procureur de la République.
Lettre de Fabre au Procureur
Pas du tout content, Fabre écrit au Procureur de la République en ces termes :
J’ai recours à votre intervention pour faire cesser un scandale dont je suis la victime depuis quelques jours et qui menace de se continuer indéfiniment.
Quelques remuants personnages dont je divulguerai les noms et les mobiles insensés en temps opportun ont monté contre moi une bande de braillards qui tous les soirs
depuis dimanche passé se distribuent à proximité de mon enclos et hurlent contre la maisonnée tantôt des injures des plus grossières tantôt des cris dont la signification
n’est pas moins infâme. Le soir venu on dirait ma maison cernée par une bande Peaux Rouges disposés à me scalper.
J’ai eu recours à M. le maire qui m’a porté l’appui le plus bienveillant. Le garde est intervenu, le tapage nocturne n’en a pas moins continué. Soit le garde ait agi assez
mollement, soit que la difficulté se trouvent en dehors de ses attributions. Je renonce désormais de retrouver ma tranquillité avec l’aide de la police rudimentaire dont
dispose la commune, je m’adresse à vous M. le procureur bien convaincu que vous viendrez en aide dans ces pénibles circonstances.
Je suis des plus pacifiques, je serai désolé de nuire à n’importe qui ; cependant je ne peux tolérer davantage l’état des choses que m’ont créé quelques imbéciles
par jalousie, dépit, insanité des passions politiques…
La suite n’est pas connue.
Le dernier charivari à Cairanne
Le dernier charivari s’est tenu à Cairanne le 23 octobre 1956 pour le remariage de Marcel Raymond avec Charlotte Delubac. L’âge mûr des deux jeunes mariés, (52 et 53 ans)
et pour l’épouse un troisième mariage ont donné lieu à une manifestation bruyante et joyeuse sans débordement, les règles sociales étant respectées (souvenirs de Edmond Gueyte).
Gérard Coussot
Summary: The charivari or Rough Music is a popular and noisy demonstration in front of the house of a
new wed couple, especially when it is a remarriage. When it is a widower married with a younger wife, the charivari is particularly lively.
The protest, usually led by the local youth, ceases when a drink is offered. This event goes back to Middle Ages and uses to place throughout Europe.
Here is presented the charivari made by the youth of Serigan-du-Comtat for the remarriage of the 60 years old scientist Jean Henri Fabre with his 20-year-old maid.
That charivari made him very angry and that he denounces to the prosecutor

Source : BMA Rappel du règlement de 1703 pour le Comtat Venaissin qui défend de faire le charivari aux personnes qui passent à de
secondes noces
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