Le Conseil d'Administration vous souhaite ses meilleurs voeux |
La chronique de janvier 2021
1884 : l’école publique de Cairanne |
Nous avons déjà évoqué l’école publique de Cairanne à travers un récit de Denis Alary en 1877
et à propos de l’arrivée de l’eau grâce à une fontaine,
sur la place du village au Pontet, à côté de la nouvelle école en 1906
.
Aujourd’hui nous proposons de découvrir les conditions matérielles de l’école de Cairanne
à travers une enquête de 1884. Le directeur de l’école du moment est Charles Affre que nous avons déjà évoqué,
hussard noir de la IIIe République
. Les motivations de l’enquête
En 1884, Armand Fallières, ministre de l’Instruction publique du gouvernement de Jules Ferry, décide d’une enquête sur la situation matérielle des écoles primaires publiques.
Son but est la mise en œuvre des lois de 1881 et 1882 rendant l’instruction des filles et garçons des filles et garçons de 6 à 13 ans obligatoire, laïque et gratuite dans
les écoles publiques. La gratuité étant garantie par le financement des écoles sur les ressources des communes et des départements, auquel l’Etat peut suppléer si nécessaire,
un état des lieux doit permettre d’élaborer un programme financier et matériel.Chaque institutrice et instituteur de France métropolitaine et des trois départements algériens est invité à remplir en deux exemplaires un formulaire de renseignement sur son école (bâtiment, mobilier, effectifs) et à dresser un plan des locaux. L’école publique de Cairanne
Charles Affre, directeur de l’école remplit le formulaire pré établi.La population de Cairanne est à cette époque de 960 habitants, chiffre voisin de celui de 2020 ce qui facilite les comparaisons. Trois classes sont décrites :
1. Ecole publique primaire spéciale aux garçons
Elle est située dans la salle du donjon dans le vieux village dont la superficie est 48,94 m². Les conditions de lumière, d’aération et de chauffage par poêle à bois
sont acceptables. Le nombre d’élèves inscrits est de 44 garçons de 6 ans à 13 ans dont 5 ont plus de 13 ans. La norme à cette époque étant d’un élève par m², la classe est
donc en sous charge ! Sauf qu’il manque trois tables pour les élèves et celles qui existent sont en mauvais état. Il y a un lieu d’aisance (sous l’escalier extérieur pour
accéder à la classe) mais pas de point d’eau. Il n’y a pas de cour, ni de préau, c’est la place du village qui sert de cour (160 m²). Dans la même salle, il y a une bibliothèque
scolaire avec 80 volumes. Il y a une caisse des écoles qui fonctionne avec les ressources de la commune.Charles Affre ajoute : le local qui sert actuellement de salle de classe est un appartement qui servait précédemment de salle de mairie et dont la construction remonte au XIIIe siècle. La mairie est actuellement dans une maison particulière. L’instituteur reçoit une indemnité de logement. C’est le directeur de l’école qui donne les cours pour les garçons. 2. Ecole publique des filles
Elle est située dans l’hospice de Cairanne à la porte d’Autan. C’est toujours Charles Affre qui remplit le questionnaire, l’institutrice est ignorée ! Il indique trois salles :
Le plan reproduit ci-contre donne la salle de 12 m² et de l’asile au rez-de-chaussée du bâtiment. Le plan suivant donne la classe de 34 m² et le logement des institutrices au premier étage. Le nombre d’élèves filles est de 52 dont 4 de plus de 13 ans pour 46 m² (asile+classe de 12m²). Il y a deux lieux d’aisance mais pas d’eau ! La cour est la place de la chapelle St Roch et le préau est la chapelle elle-même. 3. Ecole publique maternelle
C’est la salle du premier étage de 34 m² qui est prêtée sans condition par l’hospice.
II y a 52 élèves inscrits de 6 à 9 ans. Donc il faudrait une classe de 52 m². Mais heureusement l’instituteur écrit que 35 élèves sont présents en moyenne et
par jour !Ouf on revient dans les normes ! On ne peut qu’être surpris et se demander pourquoi une telle remarque ? pour faire plaisir à l’inspecteur d’académie, au maire ? Une seconde institutrice s’occupe de la maternelle. Les deux institutrices couchent à l’école. En résumé :
En 1884, à Cairanne, Il y a 148 élèves inscrits pour 960 habitants, un directeur d’école et deux institutrices, la surface des locaux est de 129 m², Des conditions de
travail très spartiates sans hygiène, dans des locaux pas adaptés : l’ancienne mairie et l’hospice. Les fournitures classiques ne sont pas livrées aux élèves.
Cette enquête aura le mérite de mettre en lumière ces conditions de scolarisation puisque quatre plus tard, en 1889, un édifice scolaire est construit au pied du vieux
village tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il faudra attendre 1906 pour qu’une fontaine desserve cette nouvelle école et une trentaine d’années encore pour que
l’eau courante arrive au robinet.Aujourd’hui
Après la guerre, la partie centrale du bâtiment a été surélevée, puis dans les années 50 une cantine est construite. Aujourd’hui le nombre d’élèves est de 129
pour une population de 1100 habitants, chiffres voisins des chiffres de 1884. L’école dispose de 6 classes, un dortoir, une salle de psychomotricité, un préau
couvert sur une surface de 600 m², une cantine, des toilettes modernes, une cour de plus de 600 m². Dix personnels enseignants sont à leur disposition plus sept
personnels communaux qui absorbent 1/3 du budget de fonctionnement de la commune. Les fournitures sont payées par la commune jusqu’à l’achat récemment de
tablettes numériques.Quel progrès ! Un autre monde ! Gérard Coussot
Summary : Summary: in 1884, a survey on elementary schools is launched throughout France. The teacher
in Cairanne answers this and points out the very rudimentary teaching conditions. A comparison is made with the teaching conditions of today.
What a progress!
|
|
Mise à jour : le 25 juin 2024 webmaster : Gérard Jacques Coussot |