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La chronique de décembre 2020

Lou secrèt dóu papé Jousè


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Aqueste ivèr de gran fre dis annado 40 empachavo pas lou papé Jousè de quita sous oustau dóu Pountet pèr ana uno passado s’istala au cagnard de sa croto dóu serre de Pelissier.
Aqui ,revassejavo en tirant sus sa pipo vo en chimant dos o tres goulado à la boutiho de piqueto qu’escoundié dins un cantoun de la croto, darrié de vièis óutis abena.
Dins si souveni se mesclavon sa jouinesso butassado pèr la guerro e sa rudo vido de paisan, mai subretout lou souveni de sa femo Louiso-Mario qu’apelavo sa douço espouso e que l’avié quita bèn trop lèu.
Di cinq enfant que i’avié baia Louiso -Mario, quatre vihavon sus soun vieounge en foro de sa segoundo pichoto partido dins la proumiero annado de sa vido. Lou cresian soulitàri asseta davans sa croto, mai noun ! l’ero pas, car lou cant de la bouscarlo acoumpagnavo si pantaï,e, en mai d’acò la coulobro aprivadado qu’esperavo tóuti li jour la tasso de la que ié pourgissié, l’óucupavo proun.
Dounc, aquest’an, jour de Nouvè, lou papé Jousè renounçiè pas à sa permenado à Pelissier.
Saup bèn, segur, qu’ausira pas la bouscarlo e que la coulobro s’es deja messo à la sousto en esperant li bèu jour, pamèns en intrant dins la croto, queto suspresso ! Soun amigo la coulobro l’esperavo, tranquilamen istalado dins lou vièi fautuèi despaia que ié servié de sèti...
Palafica , Jousè s’esclamè : « - Mai ! Siés aqui ma bello ?! »
Alor , d’uno voues douço que semblavo ‘quelo de soun espouso despareigudo, la coulobro parlè : »Vo , Jousè ! Es iéu, Louiso Mario ! Sas bèn que la niue de Nouvè li bèsti an dre à la paraulo. A travès toun amigo m’es douna, soulamen pèr vuèi ,de te faire aussi ma voues encaro un cop. Es lou miracle de nouvè !
Après une escambi de tendro paraulo revengudo dóu tèms passa, la coulobro s’esquihè douçamen vers soun recàti d’iver. Lou papé Jousè en s’entournant encó siéu parlè pas d’aquéu rescontre, mai iéu que vous fau aquéu recit, vous pode assegura qu’an bèn eisista : Jousè, la croto de Pelissier e la coulobro que bevié de la.

Le secret du papé Joseph
Cet hiver des années 40 particulièrement froid n’empêchait pas le papé Joseph de quitter sa maison du Pontet pour aller passer un moment au cagnard de sa petite grotte de la colline de Pélissier.
Là, il rêvassait en tirant sur sa pipe et en chimant deux ou trois goulées à la bouteille de piquette qu’il cachait dans un coin de la grotte, derrière de vieux outils inutilisés.
Dans ses souvenirs se mêlaient sa jeunesse bousculée par la guerre et sa vie rude de paysan, mais aussi le souvenir de sa femme Louise-Marie qu’il appelait sa tendre épouse et qui l’avait quittée bien trop tôt.
Des cinq enfants qu’elle lui avait donnés, quatre veillaient sur son grand âge sauf la deuxième fillette décédée avant sa première année.
On le pensait solitaire assis près de sa grotte, mais il ne l’était pas car le chant de la fauvette au printemps accompagnait ses rêveries, puis la couleuvre apprivoisée qui attendait chaque jour la tasse de lait qu’il lui offrait à chaque visite, occupaient son temps.
Donc, cette année-là, le jour de Noël, le papé Joseph ne renonça pas à sa promenade à Pélissier. Il savait bien qu’il n’entendrait pas la fauvette et que la couleuvre s’était déjà mise à l’abri en attendant les beaux jours, pourtant en entrant dans la grotte sa surprise fut grande : son amie la couleuvre l’attendait, installée tranquillement dans le vieux fauteuil dépaillé qui lui servait habituellement de siège.
Etonné, Joseph s’exclama : « Mais tu es la, ma belle ? »
Alors d’une voix douce qui ressemblait à la voix de son épouse disparue, la couleuvre se mit à parler : « Oui, Joseph, c’est moi Louise Marie. Tu sais que la nuit de Noël les animaux ont droit à la parole. A travers ton amie, il m’est donné, seulement pour aujourd’hui, de te faire entendre ma voix encore une fois ! C’est le miracle de Noël !» Puis, après un échange de tendres paroles revenues du temps passé, la couleuvre glissa doucement vers son refuge d’hiver...
Le papé Joseph en retournant chez lui ne parla pas de cette rencontre, mais moi qui vous conte cette histoire je peux vous assurer que Joseph, la grotte de Pélissier et la couleuvre qui buvait du lait ont bien existé. .


Anne Laberinto-Gridine


Summary : This tale tells the story of a widower called Joseph, who heard his wife's voice on a Christmas Eve through a snake that lived in the cave where Joseph had taken refuge.
Lou simbolisme dóu serpènt es forço ancian e quauqui fes countraditòri. Lou mai souvènt es assoucia à l'idèio de vido, de mort e de reneissènço, car chanjant de pèu, retroubo ansin l'apparènçi de sa jouinesso.


Source : Association
La croto dóu serre de Pelissier
La grotte de serre Pelissier



Le symbolisme du serpent est très ancien et souvent contradictoire. Le plus souvent il est associé à l’idée de vie, de mort et de renaissance car il change de peau, retrouvant ainsi l’apparence de sa jeunesse.



Source : musée Condé, Chantilly
Peinture de Pierre de Cosimo (1462-1522)
Le serpent qui se mord la queue reprend l’idée de l’encart précèdent . Il symbolise le caractère cyclique de la nature comparé à l’existence éphémère de cette belle jeune femme.
Pinturo de Pierre de Cosimo(1462/1522)
Lou serpènt que se mord la coua repren l'dèio precedènto: simbolo dóu carateire cicli de la naturo coumparènt l'eisistènci efemèro d'aquelo bello jouino femo.

La représentation d’un serpent qui se mord la queue s’appelle d’un nom savant : ourobouros. Cette représentation a été décrite dans de nombreuses civilisations anciennes.
Mise à jour : le 1 décembre 2020
webmaster : Gérard Jacques Coussot