Cloches de Cairanne(3)

Dans deux précédentes chroniques

nous avons présenté la cloche de la chapelle St Roch, une cloche de l’église paroissiale datée de 1780 et la cloche de la chapelle ND de la vigne et du Rosaire.
Aujourd’hui nous terminons la description des cloches de Cairanne.

Cloches de l’église paroissiale Saint André

Rappelons que l’église actuelle et son clocher datent du milieu du XIX^e siècle. Nous avons peu d’information sur l’ancienne église. Nous savons qu’elle avait deux cloches, nous avons le plan de masse sur le cadastre napoléonien et un commentaire de l’architecte avant sa démolition. Le nouveau clocher permet d’accrocher jusqu’à quatre cloches ! Aujourd’hui Il y en a trois cloches. L’histoire que l’on peut reconstituer est ainsi :
À la veille de la Révolution il y en a deux cloches :
Une première aujourd'hui au sud, la plus ancienne (1780), a déjà été décrite (chronique septembre 2015).
Une seconde que la Révolution va récupérer pour faire des canons en 1793

.
On peut lire dans le recueil des registres communaux

:
An 2, le 7 messidor (1792) : le conseil général de cette commune de Cairanne est assemblée dans le lieu de ses séances publiques…
Le citoyen agent a sur ce requis de faire enlever la cloche qui se trouve au clocher et qui servait à sonner les conseils généraux et de faire abattre le clocher, Sur cette réquisition, les assemblés ont arrêté de faire enlever la dite cloche et faire abattre le clocher...
C’est un décret de La Convention Nationale

qui est à l’origine de cette initiative : Il ne sera laissé qu’une seule cloche dans chaque paroisse ; que toutes les autres seront mises à la disposition du Conseil exécutif, qui sera tenu de les faire parvenir aux fonderies les plus voisines dans un délai d’un mois, pour y être fondues en canons.
Et la bureaucratie révolutionnaire liste les cloches des communes qui ont été récupérées. Pour Cairanne on trouve une cloche de 700 kg envoyée à la fonderie de Valence

. Nous n’avons pas d’information concernant la descente et le transport de cette cloche jusqu’à Sainte-Cécile, qui est à la charge de Cairanne.
Puis en 1795, la Terreur s’atténue, la restauration du culte catholique est lente, les églises sont réouvertes et le culte catholique est officiellement restauré avec le Concordat en 1802.

Cloche de la chapelle des pénitents blancs ou St Joseph

La cloche de la chapelle des Pénitents blancs, adossée à la salle du donjon, a été sauvée de la fonderie révolutionnaire puisqu’en 1810 lors de la démolition de la chapelle, on trouve dans la facture de la démolition : plus pour aider à descendre la cloche de la tour et à la monter au clauche (sic) de la paroisse, la somme de…
Ainsi en 1810 le clocher, non démoli, de l’église paroissiale retrouve ses deux cloches. Cette cloche a disparu aujourd’hui.

Autres cloches

Dans le nouveau clocher construit au milieu du XIX^e siècle on retrouve deux cloches fabriquées début XIX^e siècle dont l’histoire est incertaine :

Au levant une cloche datée de de 1817 avec pour inscription : LE ROI LA FRANCE. Nous sommes à l’époque de la Restauration de la Royauté en France après l’épisode napoléonien. Elle a été fabriquée par un fondeur de Marseille Beaudoin.
Deux figurines sont gravées sur les parois : Saint André et le Christ en croix.
La présence de Saint André pourrait supposée que cette cloche a remplacé la cloche précédente.
Au couchant une cloche datée de 1834 avec pour inscription : SIT NOMINE DOMINIME BENEDICTUM ANNO 1834.
Aucune mention dans les archives. Peut-être a-t-elle été rachetée d’occasion après la construction de la nouvelle église ?

Cloche de la chapelle ND des Excès

Une date gravée à l’intérieur de la cloche 17(illisible)1 qui pourrait correspondre à 1751 date où la chapelle a été reconstruite. Dans le registre des délibérations , à la date du 21 aout 1751, il est écrit:

Gavet, maçon, a réparé la chapelle de Notre Dame des Excés qui avait été un vœu de la peste, bastie entièrement par la communauté qu’elle menaçait tellement ruine qu’elle était interdite au culte…

Cloche de l’horloge du donjon

Le devis de l’horloge a été retrouvé aux archives en date de janvier 1840 et indique : Il sera fourni un timbre en métal de cloche composé de bonne matière de cuivre fin et d’etain brillant, la forme sera un peu évasée et la cloche ne servira que pour l’horloge sera tenu mince dans les parois et à la ?. Ce timbre pèsera 75 kilogrammes évaluée à 4F le kilo ……..300f On retrouve la devise : SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM ANNO 1840 sur un édifice communal laïc ! Le fondeur est Beaudoin à Marseille.

Cloche de la chapelle Saint Geniés

Une cloche a été remise à la Mairie de Cairanne récemment, provenant de la chapelle Saint Geniés dont le clocheton a disparu. La mairie en partenariat avec l’Association a reconstruit un clocheton dans l’esprit des chapelles environnantes. La cloche a été fondue par HILDEBRANT A PARIS à la fin du XIX^e siècle.