La chronique du mois de mai 2018
Saga Gallifet d'Honon de Cairanne Alexandre Justin Marie (1790-1854) |
Bien national, le château Gallifet à Cairanne est vendu le 17 octobre 1796. André Meissel fils, habitant Marseille en est l’acheteur via un prête-nom Joseph Vaton d’Avignon . Cette vente est enregistrée dans le répertoire de l’administration centrale du département de Vaucluse. Cependant il est reporté dans la marge une note manuscrite curieuse : « Extrait expédié à M. de Gallifet le dix mars 1834 ». Bigre, 40 ans après la vente, les Gallifet sont de retour à Cairanne! Nous avons trouvé ultérieurement la confirmation de ce retour dans une lettre du Directeur de l’enregistrement au Préfet . en date du 4 juin 1834 aux Archives départementales de Vaucluse : J’ai l’honneur de vous renvoyer la pétition de M. de Gallifet… J’ai fait faire de vaines recherches pour m’assurer de l’existence du jardin dit de la chapelle revendiquée par M. de Gallifet comme n’ayant pas été compris dans la vente du 17 octobre 1796… Ces revendications ont été nombreux, au retour des émigrés pour reprendre possession de leurs biens vendus. Beaucoup d’irrégularités s’étaient glissées dans les ventes des biens nationaux et la tentation était grande de revendiquer ces biens malgré les dispositions légales qui maintenaient l’authenticité des actes passés . Toutes ces revendications ont eu lieu entre 1800 et 1810 , mais pas 40 ans après ! Gallifet appuie son argumentaire sur un acte notarié, un bail de mars 1785, en affirmant que le jardin en question n’était pas compris dans le bail et que la vente ne portait que sur les biens du bail ! Certes, dans le bail il existe deux jardins dont l’un réservé au propriétaire mais le directeur de l’enregistrement conteste cet argument, s’étonne d’une telle revendication tardive et évoque la prescription trentenaire ! J’estime donc M. le Préfet que par ces différents motifs il doit être déclaré qu’il n’y a pas lieu à l’envoi en possession de M. de Gallifet. L’affaire en resta là. Mais qui est ce Gallifet qui s’intéresse à la chapelle du château ? Il s’agit d’ Alexandre Justin Marie, fils de Louis François Alexandre le cousin éloigné (chronique d’avril 2018). Il reprend le titre de marquis ! Militaire, il est commissaire de Louis XVIII en 1817 et démissionne de l’armée en 1830 avec la venue de la monarchie de Juillet. Il vit entre le château du Tholonet près d’Aix-en-Provence et l’hôtel particulier au faubourg Saint-Germain à Paris. Pourquoi ce soudain intérêt pour la chapelle de Cairanne ? Pour honorer ses ancêtres ? Pour donner consistance à une coloration locale après un échec à un projet d’élection en 1831 à Arles ? Nous n’avons pas la réponse ! Un pamphlet avait toutefois circulé : Dans son ambition vulgaire Vous voyant peu dans le lointain Assis au faubourg Saint-Germain… Il subira un deuxième échec pour être élu au collège électoral de Tarascon en 1843 . Il est le père du général Gallifet qui réprima très durement la Commune de Paris en 1871 (Le Marquis aux bottes rouges de sang). La chapelle Notre-Dame de Grâce à Cairanne La première mention de cette chapelle dans les archives est un prix fait (devis) pour sa décoration intérieure en 1616, signé par Alexandre I chez le notaire Pierre Rigaud à Avignon . Puis en 1636, un mariage est signalé dans les registres paroissiaux de Cairanne. En 1690, Pierre Gallifet (chronique de mai 2017) est enterré ; puis en 1698, la femme d’Alexandre III (chronique d’octobre 2017). En 1706, après le départ ce dernier à Saint-Domingue, il n’y aura plus de Gallifet habitant le château. Alexandre III fait son testament à Petite Anse en 1718 . et lègue une certaine somme pour les réparations de la chapelle. L’entretien de celle-ci doit laisser à désirer puisque, lors d’une visite pastorale en 1726, l’évêque note qu’il pleut dans la chapelle et qu’il faut réparer le toit . Nouvelle visite pastorale en 1764 , l’évêque est très content de l’état de la chapelle, surtout qu’il est invité à dîner par le régisseur du domaine, de Vitalis . La Révolution arrive : en 1792, l’inventaire de la chapelle est fait : divers ornements d’église sont enregistrés avec notamment un calice en argent pesant une livre . Puis la chapelle dans le lot du château est vendue comme bien national aux enchères en 1795. En 1808, on apprend que le château appartient à la chancellerie de la Légion d’Honneur , puis à un certain Lambert Juge de Valréas. En 1830, le cadastre napoléonien définit la chapelle comme un bâtiment rural ! La chapelle est remise en état à la fin du XIXe siècle en 1891 par la femme de Lambert Juge, Virginie Mévil ou Rachel Mardochée de confession juive. Mais nous abordons déjà une prochaine chronique sans les Gallifet dont c’est la dernière chronique ! Lors de périodes de sècheresse, il existait une procession de Cairanne vers cette chapelle pour demander la pluie . Gérard Coussot
Summary : 40 years after the French Revolution and the sale of their Cairanne properties,
the Gallifet familly claims the already sold chapel Notre Dame de Grâce and the garden of the chateau.
The French administration is not convinced by the arguments and stops the demand. The chapel is built
around 1616 but its maintenance is irregular. The last main reshape is made in 1891.
|
|
Mise à jour : le 20 mai 2024 webmaster : Gérard Jacques Coussot |