Cairanne est desservi par le vol Air France N° 245

En 1923, des militaires s’installent sur un terrain situé au nord de Travaillan et appelé Plan-de-Dieu pour établir un aérodrome avec une piste en herbe. Un hangar est construit avec ses dépendances habituelles, ateliers et bureau. L’aérodrome est mixte, civil et militaire, sous la responsabilité de l’armée de l’air. La piste sert en particulier aux pilotes élèves de la base d’Istres. En 1933 un meeting d’aviation est organisé, un accident matériel se produit, le pilote est sain et sauf mais l’avion est détruit.

Mise en place des installations Air France
En 1938, tout change. Edouard Daladier, le Président du conseil et député de Vaucluse, l’homme « des deux cents familles et des accords de Munich », fait pression sur Air France pour une escale à Orange Plan-de-Dieu car cette compagnie est en train de monter une ligne mixte courrier non surtaxé et voyageurs Paris Marseille.
En effet les expériences de courrier postal aérien interne en France ont connu de nombreux déboires. L’Aéropostale

a fait faillite en 1930, Air bleue une compagnie dédiée au courrier a fait aussi faillite en 1936 puis a été renflouée par l’Etat. Les causes des échecs sont en partie liées à une surtaxe d’affranchissement et la clientèle boude.
La suppression de cette surtaxe fin 1937 entraine le lancement de nouvelles lignes dont celle qui nous décrivons.
Cette ligne fera escale à Lyon, Orange Plan-de-Dieu, puis Marseille. Il est dit officiellement que Daladier

veut mettre le Vaucluse à l’avant-garde du progrès. Peut être faut il y voir aussi une facilité pour visiter son fief de député !
Bref, quelles que soient les motivations, une installation radio et des opérateurs se mettent en place à l’automne 1937 pour assurer les liaisons radiophoniques en morse

.

Moyens aériens
L’avion qui va assurer la liaison quotidienne est un Bloch 220

. Equipé de deux moteurs de 915 CV, il peut décoller avec une charge utile de 3 tonnes et transporter 16 passagers. Sa vitesse de croisière est de 300Km/h.
Trois avions seront affectés à cette ligne.
Les horaires sont : départ à Le Bourget 7H40, arrivée à Plan-de-Dieu 10h45. Retour vers Le Bourget, escale à Plan-de-Dieu 14H05.
A l'aller, l’escale dure 5 minutes, le temps pour les passagers de descendre et de charger le courrier pour Avignon, Nîmes et Montpellier.

Vol inaugural
Le vol inaugural a lieu le 16 février 1938. Au départ du Bourget, le ministre des PTT, M. Gentin assiste en personne au chargement du courrier pour marquer l’importance de l’événement. 418 Kg de courrier sont chargés (30 sacs). Il y a un chef pilote, un pilote, un radio, un directeur d’Air France, 9 passagers et... un barman. Les journaux nationaux, l’Œuvre, La Croix, le Figaro, l’Excelsior,... rapportent cet évènement avec photographies. La presse locale rapporte aussi l’évènement le Réveil Socialiste, le Courrier du Midi, Le petit Marseillais.
Le 16 février donc le Bloch 220 Saintonge atterrit sur l’aéroport d’Orange Plan-de-Dieu. Une camionnette des PTT charge 54 kg de courrier qui sera acheminé en partie vers le Languedoc par chemin de fer d’Avignon.
De nombreuses personnalités assistent à l’escale. Le receveur des PTT d’Orange en présence des élus locaux et des responsables d’Air France sont invités à un vin d’honneur. Le Bulletin d’Air France « Les Echos de l’Air »

donnent son appréciation en ces termes :
Il n’est pas exagéré de dire que cette ligne ouvre une nouvelle ère nouvelle dans les transports postaux si l’on songe à l’importance toute particulière de l’itinéraire Paris Marseille, axe principal de la vie économique française et européenne.
À l’occasion de cette inauguration, un cachet commémoratif a été apposé sur le courrier de la ligne qui continue sur Nice avec une liaison Marseille-Nice par la compagnie Air Bleue. La ligne va fonctionner pendant 18 mois et sera interrompue par la déclaration de guerre en septembre 1939.
Les appareils devenus militaires furent camouflés et leur carrière fut surtout des missions de liaison, ou de transport métropolitain.
C’est lors d’une d’elles, le 3 mars 1940 que le Bloch 220 enregistra son premier accident mortel, lorsque l’avion heurta les dentelles de Montmirail, tuant les 3 membres d’équipage (au décollage de Plan-de-Dieu ?)
À la libération, les lignes seront remises en service mais l’escale Orange Plan-de-Dieu ne sera plus desservie. Daladier échoue en 1945 à la députation mais sera réélu fin 1946.

Saint-Exupéry et Plan-de-Dieu
En avril 1934, Antoine de Saint-Exupéry entre au service de la propagande (service de presse) d’Air France. En 1937, il est mandaté pour effectuer une prospection en Afrique Occidental française (AOF). Le 17 janvier 1937, il part du Bourget avec son Simoun. Son vol commence mal : il doit se poser en urgence sur l’aérodrome de Plan-de-Dieu son moteur ayant une baisse de régime

. En effet celui-ci n’est pas équipé d’un dispositif de réchauffage du carburateur qui évite la formation de givre dans celui-ci

. Il attendra une température extérieure meilleure et repartira le jour même pour Marseille. L’envoi d’un réchauffeur de carburateur et son installation prendront 13 jours. Saint-Exupéry s’envolera pour Casablanca et l’Afrique le 30 janvier 1938.

Gérard Coussot

Summary : There is the story of the Plan-de-Dieu airport closed to Cairanne. In 1938, Air France established a daily line Paris-Marseille with a stop at Plan-de-Dieu for passengers and mail. The line stopped at the begining of WW2.

Source : Association pour la Renaissance du Caudron-Simoun

L’avion de Saint-Exupéry qui atterrit à Plan-de-Dieu, le 17 janvier 1937