Généralités
C’est à partir du XVIe siècle que les villes du royaume de France fixent leurs blasons en remplaçant leurs sceaux ,
sans doute grâce à l’essor du papier et de l’imprimerie.
Les figures adoptées représentent un monument, un saint patron, une activité industrielle ou commerciale (vaisseau par exemple) et parfois un blason familial pour honorer
les seigneurs locaux.
En 1696, Louis XIV à court d’argent, impose à toutes les villes et les communes du Royaume d’enregistrer, moyennant finances, leur blason dans l’Armorial général de
France .
En 1789, la Convention nationale proscrit l’usage du blason fortement lié à la noblesse et aux titres.
En 1804, les villes sont autorisées à prendre des armoiries puis l’Empire et la Restauration imposent des règles. Il faut attendre 1884 pour que la liberté soit accordée dans le
choix et la composition du blason. Au blason, il peut s’ajouter une devise qui caractérise les aspects moraux de la communauté ou les vertus des ancêtres.
En 1999, une commission nationale d’héraldique a été créée au sein du ministère de la culture pour apporter un conseil scientifique et artistique aux projets héraldiques des
collectivités territoriales!
Recherche d'un blason
Pour le Comtat Venaissin, jusqu’à la Révolution aucune règle n’existe. Avignon a des armes depuis 1348 représentant trois clefs. Après la Révolution, c’est le régime français
qui s’applique.
En 1848 , le préfet du moment demande aux communes de Vaucluse de lui transmettre leur blason. Seules répondent les communes d’importance, les communes rurales sont absentes
dont Cairanne. Il faut attendre 1980, pour que le président du conseil général de Vaucluse demande à chaque commune de rechercher son blason ou d’en proposer un.
Au cours de cette enquête il s’avère que quarante-six communes du département de Vaucluse n’ont pas de blason dont Cairanne.Aussi, le Conseil municipal de Cairanne
demande aux Archives départementales de Vaucluse de rechercher un éventuel blason .
Un blason pour Cairanne
Le 14 novembre 1980, celles-ci informent le conseil municipal avoir trouvé un blason de Cairanne sur un bulletin de santé de
1721 . Le conseil municipal se propose d’adopter
ce blason ancien en le « réadaptant » (Fig. 2).
Cet ancien blason représente une muraille avec deux tours et une porte. Curieusement, cette réadaptation se fera en proposant une muraille en ruine et en supprimant
les rameaux de chêne ou d’olivier.
C’est ce blason qui est publié avec tous ceux des communes de Vaucluse par le conseil départemental de Vaucluse en 1984 (Fig. 3).
L’étude des blasons ou héraldique, se qualifiant de science, utilise pour cela un langage ésotérique.
Le blason de Cairanne se décrit ainsi, avec en rouge l’explication:
« De gueule (couleur rouge) au château masuré (en ruine) d’or (jaune) à deux tours,
ouvert (ouverture de couleur différente) et maçonné de sable (couleur des joints de couleur différente), accompagné au
chef (en haut) d’une étoile et en pointe (en bas) d’une clef en fasce (horizontalement sur toute la largeur du blason),
le tout d’or (jaune) ».
Reconstruction
Sans doute ce « design » n’était pas très valorisant puisque le château a été reconstruit dans le blason actuel à une date que nous n’avons pas trouvée (Fig. 4).
Une devise en latin a été rajoutée en dessous :
« Semper Augusta »
dont la traduction n’est pas évidente et peut donner lieu à plusieurs versions :
- Version épicurienne du syndicat des vignerons :
« Toujours mieux vivre »
- Version royale : « Toujours majestueuse »
- Version prétentieuse : « Toujours meilleure »
- Version ecclésiastique : « Toujours consacrée »
- Version antique : « Toujours bénie des Dieux »
En outre il a été rajouté au-dessus du blason une « couronne murale » à trois tours crénelées, réservée aux communes .
L’ensemble blason + devise + couronne s’appelle des armoiries (Fig. 4).
Origine du blason de 1721
Ce blason est imprimé sur un bulletin de santé, utilisé en temps de peste. Dans le cas présent, il donne droit à M. Monge, consul de Cairanne, de se rendre à Sainte Cécile car « grâce à Dieu sa santé est très bonne sans soupçon de peste ni mal contagieux ». Signé : Gasparin prêtre, « conservateur de santé ».
On peut penser que toute personne qui quittait Cairanne devait avoir un tel document. Pourtant c’est le seul exemplaire aux Archives ! Une chance.
Depuis quand ce blason existe-il ? Que représente-il ?
Nous avons cherché un blason identique dans les blasons des différents seigneurs ou bourgeois de Cairanne et du Comtat Venaissin mais sans succès.
La clef pourrait rappeler l’appartenance de Cairanne au Comtat Venaissin qui a deux clés dans son blason.
La muraille et sa porte pourraient représenter la porte d’Autan.
Gérard Coussot
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  Au Moyen Âge, le sceau est en général
un cachet de cire sur lequel est imprimée une marque (blason) par écrasement d’un tampon. Il est utilisé dans les actes administratifs pour garantir
l’authenticité. Chaque ville avait son sceau.
  Déposé aujourd’hui à la
Bibliothèque nationale de France.
Source : ADV
Figure 1 : sceau de l'Université d'Avignon (XVesiècle)
  BMA, ms 1690.
  ACCairanne.
  ADV, ACCairanne, CC17.
  ADV,Armorial des communes de Vaucluse, 1984,Biblio 2317.
Source : ADV Figure 2 : blason de
Cairanne en 1721
Source : BMA Figure 3 :
blason de Cairanne de 1984
 Trois
tours pour les communes, quatre tours pour les préfectures et cinq tours pour Paris
  ADV, Grand armorial du Comtat Venaissin, Bibli 133.
Source : mairie de Cairanne
Figure 4 : Armoiries de Cairanne aujourd'hui :blason + devise + couronne
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