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La chronique de décembre 2016

Niue de Nouvè à Cairano


En aquesto niue de Nouvè, i'a bèn de tèms, uno biso que gibro lou sang escoubo la campagno.. Sus lou camin roumiéu d'Avignoun, vers lou Cros de Roumet point1, de pelerin agarri pèr lou vènt e lou fre, alassa, perdu, esperon trouba lou vilage que devié lis assousta pèr la nieue. Assajan de s'ameina en regardant lou Camin de Sant Jaume, soun estouna de veire uno estello forço esbrihaudanto i rai d'argent toucant la terro que semblo ié faire signe de la segui.
Li pelerin suspres pèr aquéu fenoumène reprenon pamens courage e s'endraion dins la direicioun qu'insigno l'estello. Lou barcatié d' Aygues dort pas: éu, perèu a vist l'estelo. Li fai travessa e s'encamino em'éli, guida pèr l'astre que se desplaço sus lou vilage que se vèi enfin, embarra dins si muraio.
La mountado dóu camin de La Garde es rudo, li barri soun aqui mai l'estello que descènd encaro se desplaço d'un cop e subran se tanco. Li roumiéu, lou barcatié, buta pèr uno forço incouneigudo arribon souto lou dardai d'argent pèr trouba l' intrado d'un ancian moulin baumassié que sa porto mau jouncho leisso passa uno lus subre-naturalo. La meme forço incouneigudo li buto dins la baumo e, aqui, miracle de la niue de Nouvè, dins uno lumiero de paradis, en founs dóu moulin, dins lou cantoun que servié d'establo au paure animau que fasié vira la peiro de molo, la Nativita se presento is iue meraviha di vesitaire:Marìo, Jousè, l'enfant Jèsu sourrison i pelerin trefouli.
Au matin en se revihant dins la paio douço dóu cantoun d'establo, li roumiéu se penson d'aguè pantaia aquelo niue estraourdinàri. Alors, en quittant l'abri baumassié pèr reprendre lou camin roumiéu, noun regardon à reire e veson pas que sus la roco que tresploumbo lou moulin, quauqui fiéu d'argènt soun encaro acrouca...

Nuit de Noël à Cairanne

En cette nuit de Noël, il y a bien longtemps, une bise glaciale balaie la campagne. Sur le chemin d'Avignon au lieu-dit Cros de Roumet point2 , des pèlerins surpris par le vent et le froid, exténués, perdus, essaient d'apercevoir le village qui aurait dû les héberger pour la nuit. Tentant de s'orienter en regardant le « camin de Sant Jaume », la Voie Lactée, ils sont surpris par une étoile extrêmement brillante dont les rayons d'argent descendant vers la terre, semblent leur faire signe en montrant un lieu précis. Les pèlerins surpris par ce phénomène reprennent pourtant courage et dirigent leurs pas dans la direction montrée par l'étoile. Le « barcatié point2 » de l'Aygues ne dort pas car lui aussi a vu l'étoile et, les faisant traverser rapidement, il leur emboîte le pas suivant l'astre qui se déplace au-dessus du village que l'on aperçoit enfin, enfermé dans ses remparts. La montée du chemin de la Garde devient rude, les murailles sont tout près mais l'étoile qui descend toujours, se déplace encore et se fige soudain. Les pèlerins, le « barcatié » , poussés par une force inconnue arrivent sous le rayonnement d'argent et découvrent une entrée de grotte qui abrite un ancien moulin troglodyte dont la porte mal jointe laisse passer une lueur surnaturelle. La même force inconnue les pousse dans la grotte et là, miracle de la nuit de Noël, dans une lumière de paradis, au fond du moulin, dans le coin qui servait d'étable au pauvre animal qui faisait tourner habituellement la pierre de meule, la scène de la Nativité se présente aux yeux émerveillés des visiteurs: Marie, Joseph, l'Enfant-Jésus sourient aux arrivants, transportés de bonheur. Au matin, en se réveillant dans la douce paille du coin d'étable où ils ont dormi, les pèlerins pensent avoir rêvé cette nuit extraordinaire. Alors, en quittant leur abri troglodyte pour reprendre leur chemin, ils ne se retournent pas pour lever les yeux et apercevoir les quelques fils d'argent accrochés à la paroi rocheuse qui surplombe l'entrée du moulin...

Anne Laberinto-Gridine

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point1 Cros de Roumet o Poncet, vèire la crounico dóu mes de mars 2016 sus li toupounime de Cairano.

Source : privé
Cette carte du début XIXe siècle montre la route en question qui joint Avignon et Orange à Valréas et au Dauphiné. Cette route est fort ancienne. Elle passe près d'Alcyon, ferme appartenant aux Templiers puis à différents propriétaires dont des religieux qui devaient offrir l'hospitalité aux voyageurs et aux pèlerins. Au XVIIIe siècle, les consuls de Cairanne point1 définissent cette route comme un grand chemin public et se plaignent auprès de « Monseigneur » de l'état de la route qui est devenue impraticable aux voitures.
point1 BMA, Ms 2060


point2  Le chemin d'Avignon est un ancien « grand chemin », emprunté par les « romieux », les pèlerins se rendant à Rome.
Cros de Roumet ou Poncet. Cros = ravin, creux ou tombe (chronique de mars 2016 sur les toponymes de Cairanne)

point3  Le « barcatié » de l'Aygues : le passeur qui faisait traverser l'Aygues en barque.

Source : Frederico Barroci, 1598, Le Prado
Une lueur surnaturelle au fond de la grotte…



Summary:It is a Christmas tale transcribed in the framework of Cairanne. The story is written in Provencal, the former language of this region. The story goes that pilgrims walking along the old road from Avignon to Valréas with a bad weather, followed a strange light, crossed the river Aygues and reached an oil mill located in a cave where they found the scene of the Nativity.

Mise à jour : le 5 mai 2024
webmaster : Gérard Jacques Coussot

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