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La chronique du mois de décembre 2015
1923, Pèlerinage à Bethléem




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Voici un extrait du livre Un voyage en terre sainte écrit par A. Bedos curé de Cairanne, en 1923 :
'Une journée délicieuse eût été celle du lendemain, 12 avril, si le temps avait daigné se mettre de la partie en favorisant tant soit peu notre pieux voyage à Bethléem.
Bethléem !.....Ce nom n’évoque-t-il pas dans l’âme chrétienne les souvenirs les plus doux : la Crèche, les Bergers, les Mages, la joyeuse fête de Noël et toutes ces charmantes traditions de famille auxquelles a donné naissance le Mystère De Bethléem. Or c’est cette gracieuse cité, la « Cité de Dieu » que nous allons visiter. Malheureusement le temps ce jour-là se chargea d’assombrir les charmes. A peine sommes-nous sortis de Jérusalem que la pluie et le vent font rage. Mais comme on est en voiture, on ne s’inquiète peu.
Une heure nous suffit pour franchir les dix kilomètres qui séparent Jérusalem du pays natal du Sauveur. Nous y parvenons à 6 heures du matin. C’est un pays fort étendu dont la population, presque entièrement catholique, compte environ 9 000 habitants. Nous nous acheminons vers la basilique que la piété des siècles a voulu bâtir au-dessus de la pauvre étable où la Vierge Marie donna naissance à l’Enfant-Jésus ; elle occupe le point le plus élevé de la ville. L’étable de Bethléem, formée d’une simple excavation dans le rocher, est une vraie grotte et non point une maisonnette avec toiture en tuiles ou en chaume comme on le présente parfois dans certaines crèches provençales. Elle forme le sous-sol du chevet de la basilique, vaste église ornée de magnifiques colonnes de porphyre qui en séparent les cinq nefs, mais qui se trouvent dans un état d’abandon pénible à constater : les pigeons y pénètrent librement par les vitraux brisés et jusqu’à ces derniers temps, parait-il d’immenses toiles d’araignées y tamisaient la lumière. Pourquoi cet abandon ? Parce qu’ici encore le schisme1 a implanté ses droits. Aucun prêtre latin ne peut célébrer dans la dite basilique ; les catholiques n’ont à leur usage que l’église bâtie à coté par les Pères franciscains et, à certaines heures, le Grotte de la Nativité avec les grottes adjacentes qui forment comme la crypte de la basilique. Tandis que je disais la messe dans la grotte la plus rapprochée du lieu de naissance de Jésus, les pèlerins groupés dans la grotte même de la nativité assistaient au St Sacrifice célébré par le plus jeune prêtre du pèlerinage….. Comme ce fut émotionnant de pénétrer dans cette grotte vénérable où un Dieu a daigné cacher sa majesté sous les voiles de l’enfance. On y chanta au cours de la messe des cantiques appropriés à ce Saint Lieu : « Il est né le divin Enfant, Les anges dans nos campagnes, » et la foule des pèlerins éprouvaient une bien douce joie à faire retentir ces airs de Noël dans la grotte bénie qui fut témoin de si touchants mystères. Il fallait pourtant s’arracher à ce lieu vénérable….. La messe achevée, Le Père directeur conduit ses pèlerins dans une rue avoisinante qui surplombe la campagne et d’où on peut découvrir au loin le quartier de Bethsaour (ou champ des pasteurs) lequel serait à peu près l’endroit où les bergers faisaient paitre leur troupeau au moment où l’Ange apparut et leur fit part de l’heureuse nouvelle : ‘ Je vous annone une grande joie : Il vous est né un Sauveur à Bethléem’. Près de là également se trouvait le Champ de Booz 2, ancêtre du Sauveur, où venait glaner Ruth la Moabite …Que de gracieux souvenirs bibliques se pressent en mon esprit !'

Summary : This is an excerpt from Father Bedos's book who was the parish priest of Cairanne. He describes his first visit of Bethlehem ,the fight between different owners of the cathedral. He reports his visit of Jesus' bithplace and how moving it was.
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1La Basilique est partagée entre trois églises chrétiennes : orthodoxe, arménienne et catholique. Cette situation induit des conflits et des limitations dans l’usage liturgique de la Basilique. L’église orthodoxe, ayant historiquement plus de droits, impose un certain diktat aux deux autres églises. Bel exemple de tolérance !
2Ruth, femme moabite convertie, dont l'histoire est racontée dans le livre de la Bible qui porte son nom. Elle était veuve d'un Israélite, Malchon, qui s'était expatrié à Bethéem pour fuir la famine. Elle vécut pauvrement en glanant les épis de blés. En glanant, Ruth conquit le cœur du riche Booz, parent de Malchon, qui l'épousa. Ils eurent un fils, Obed, père de Jessé et grand-père de David.








Source : Mairie de Cairanne
Dédicace du Père Bedos, curé de Cairanne






Source : privée
Basilique de la Nativité. Au premier-plan, un clocher arménien et au second plan un clocher orthodoxe..